REVIVRE DANS UN LOGEMENT

Retour 19 octobre 2023 Actualités

Entretien avec Denise BATT, accompagnée par l’ALPA depuis un an

Témoignage Logement social bail glissant Aix en Provence
Denise BATT est accompagnée par l’Alpa depuis un an.

Accompagner une personne vers ou dans son logement, c’est toujours vivre une histoire singulière. Accompagner ne relève pas seulement du savoir faire. L’essentiel n’est pas tant dans la « technique » que dans l’existence d’un échange, d’un lien, entre l’accompagnateur et la personne accompagnée.

Ce lien de confiance tissé entre Denise et Valérie, sa référente à l’Alpa, a permis l’expression de ce témoignage. Il sera présenté lors de la Journée Portes-Ouvertes autour de l’intermédiation locative ; une rencontre organisée par l’Alpa au 2, ave Albert Baudouin, ce jeudi 19 octobre 2023.

Bonjour Denise,
Comment avez-vous rencontré l’Alpa ?

Il y a un an, j’étais inscrite au SAO d’Aix-en-Provence quand ma référente m’a proposé de rencontrer la directrice du SAO et une assistante sociale pour mieux cerner mes attentes concernant le logement ; durant la réunion, la directrice me parle d’un logement qui serait libre et qui est géré par l’ALPA ; elle propose de déposer mon dossier car je rentre dans les critères pour l’accession à ce logement.

L’ALPA me contacte pour un 1er rendez-vous mais le logement n’est pas libre de suite car il est en travaux. En attendant, je suis logée en urgence par la Croix Rouge pendant deux mois le temps de pouvoir entrer dans le logement proposé par l’Alpa.

Vous êtes vraiment chez vous ?

Oui et non !

Oui, car mon logement situé à la Croix Verte à Aix correspond en tout point à mes attentes ; je suis enfin soulagée et je peux me détendre. J’ai pu aussi trouver tout ce que je veux comme meubles grâce à un bon d’achat d’Emmaüs : c’est super. Entre temps, j’ai trouvé un travail ; un contrat d’un an d’accompagnement à l’emploi dans une entreprise en tant que secrétaire administrative.

Non, car c’est une fois totalement installée que les « difficultés commencent » … Pour travailler, je pars tôt le matin et je rentre le soir … Au fil des semaines, je me rends compte que je n’arrive pas à intégrer totalement mon logement ; je le vois plus comme un lieu où je peux dormir sans danger. Je n’investis en fin de compte que la chambre à coucher qui est devenue la pièce la plus importante.

Et les week-end ?

C’est le même scénario : je me lève, je m’habille et je sors. Je n’arrive plus à rester à l’intérieur du logement car je me sens oppressée ; pourtant c’est ce que je voulais : « avoir mon chez moi à nouveau ». Je me rends compte que j’ai perdu mes repères et qu’il me faut les réapprendre : c’est ma liberté que je dois accepter de laisser derrière moi : quand on est dehors, le plus important c’est de manger et de ne pas avoir froid et l’argent part jusqu’au dernier euro chaque mois pour cela et c’est accepté, acté.

Avec le logement, c’est différent ?

Il faut payer les factures ; électricité, assurances, loyers et charges : le budget est problématique, économisé c’est difficile. Il faut tout réapprendre et en cinq ans tous les codes de la société ont disparu … Je continue à chercher les « ami(e)s » faits à la Croix Rouge comme si j’avais du mal à couper les liens aussi …

L’accompagnement, à ce moment-là, prend toute son importance : parler librement pour trouver des solutions m’aide énormément. Avec l’aide de Valérie de l ‘Alpa, je me demande comment faire pour me sentir réellement bien dans mon logement !

Personnaliser votre intérieur, c’est essentiel ?

J’ai mes meubles depuis plusieurs semaines, mais ils sont vides : Pourquoi les remplir si demain je suis à nouveau dehors ? Les cartons restent non déballés : là encore le fait d’en parler avec Valérie m’aide et me fait prendre conscience que je dois changer ma façon de penser. Finalement, je remplis les meubles de tout et de rien ; c’est déjà un début. Je décide d’acheter des rideaux car j’ai déjà des tringles qui sont prêtes à être posées. Un agent technique de l’ALPA vient pour m’aider à les poser.

Je n’en reviens toujours pas de la réaction que j’ai eu quand les rideaux ont été posés … un grand WOUAOU, c’est beau, je suis en extase : je trouve mon logement beau …

Cela change votre vie ?

Oui, mais j’ai encore tellement de choses à réapprendre :

Le rangement, le nettoyage…Cuisiner reste encore une difficulté : pourquoi faire ?… je suis seule ; service minimum, j’achète du « Prêt-à-manger » par facilité ! Je sais que ce n’est pas le bon choix et cela me rappelle une pratique que j’ai perdue, moi qui adorais préparer des petits plats …

Précisez-nous ?

Oui, j’ai perdu beaucoup de choses en vivant dehors : c’est un apprentissage de tous les jours ; un parcours fait de petites victoires comme la pose des rideaux ou inviter une personne à manger pour lui préparer un bon petit plat.

A présent, Denise comment vous sentez-vous ?

Je continue à me forcer en espérant qu’un jour je n’aurai plus besoin de me forcer et que je pourrai à nouveau vivre en me sentant bien dans mon logement comme avant …L’effet « WOUAOU » des rideaux s’est estompé et je continue à me sentir mieux dehors que dedans.

Le logement, ce n’est pas si évident finalement ?

Non !

Désormais, je peux mieux comprendre ceux qui préfèrent être dehors ou celles qui n’arrivent pas à rester longtemps dans un logement : C’est très difficile. Quand on est dehors, il y a moins de contraintes. Même si cela est très dur on finit par s’habituer au très dur. Tout « simplement ».

Aujourd’hui, J’aimerais pouvoir échanger avec d’autres personnes accompagnées pour connaître leur ressenti.

Retrouvez le témoignage de Denise en vidéo sur nos réseaux sociaux Facebook  et  linkedin  

  • Ont-elles eu les mêmes difficultés ?
  • Ont-elles eu d’autres difficultés ? Lesquelles ?
  • Quelles solutions ont-elles trouvées « pour s’en sortir » ?

SI VOUS SOUHAITEZ ECHANGER ET CONTACTER DENISE

N’hésitez pas à lui écrire en contactant Valérie, son référent social à l’Alpa à l’adresse mail : valerie.meunier@alpa-asso.org.

Interview Denise ALPA – Revivre dans un logement